Julia SeymourBiographie de l’auteure : Article écrit par Julia Seymour. Julia est étudiante en 12e année à l’école St. Ignace de Loyola à Oakville, en Ontario. Elle participe aux concours de recherche et dirige une association à but non lucratif qui enseigne les sciences aux autres élèves. En dehors du labo, elle gère un groupe de jeunes et lance des initiatives pour promouvoir la santé mentale. Ambassadrice du Français pour l’avenir sélectionnée pour le FNJA 2020, elle vous invite à consulter son profil Linkedin ici.


Que ce soit la capacité de communiquer avec un large éventail de personnes ou les possibilités d’emploi, il est évident que le bilinguisme a ses avantages. Cependant, un avantage souvent peu souligné est le bénéfice cognitif qui vient avec l’apprentissage d’une nouvelle langue.

bilinguisme-structure-cerveauOn continue d’apprendre tout au long de nos vies de façons différentes. On apprend des informations factuelles, comme les mots, les directions ou les numéros de téléphone. Cette information est souvent « connue par cœur ». En outre, on apprend comment faire des processus et des procédures. Par exemple, on apprend comment conduire une voiture, faire du vélo, ou encore jouer du piano. Cette information, l’information procédurale, permet de maîtriser des activités différentes. Chaque fois qu’on apprend quelque chose, notre cerveau crée de nouveaux « couloirs » qui relient les neurones pour qu’ils puissent passer toutes ces informations.2

Quand on apprend une nouvelle langue, on combine les apprentissages factuel et procédural.2 Il faut qu’on mémorise le vocabulaire et les règles de grammaire (l’apprentissage factuel), mais aussi, qu’on sache comment appliquer ces règles et quels mots choisir (l’apprentissage procédural).

Mais comment est-ce que tout cet apprentissage change notre cerveau? Pendant des siècles, les scientifiques utilisaient les techniques d’imagerie afin de répondre à cette question. Le résultat? Il y a plusieurs avantages.


La prévention des conditions dégénératives

Plusieurs scientifiques ont découvert que l’apprentissage de deux langues empêchent le développement de certaines conditions dégénératives telle que la démence. La démence est classifiée comme la perte des capacités cognitives et sa forme la plus populaire est la maladie d’Alzheimer. Cette maladie est progressive, ce qui signifie qu’elle devient plus sévère au fil du temps.5 La démence n’est pas simplement l’oubli. Au contraire, c’est une maladie cognitive qui provoque un état constant de confusion. Par exemple, il est typique d’oublier où on a garé la voiture, mais ceux qui souffrent de démence oublient souvent comment conduire.

Alors qu’il n’y a pas de remède, il y existe des preuves scientifiques qui soutiennet la théorie que le bilinguisme peut ralentir la progression de la démence. Une psychologue du nom d’Ellen Bialystock a mené une étude en 2010 avec ses collègues. Ils ont trouvé que les individus monolingues ont développé des symptômes de la démence, en moyenne à l’âge de 71,4 ans. Cependant, les sujets qui parlaient deux langues ont commencé à l’âge de 75,5 ans en moyenne.1 Cette différence d’âge ne pouvait pas être expliquée par d’autres facteurs hors de l’apprentissage d’une deuxième langue. En fait, l’étude a documenté que les individus monolingues avaient, en moyenne, un an et une moitié de plus d’éducation.1

Une autre étude en Inde a découvert que les personnes bilingues ont démontré des signes et symptômes de démence en moyenne 4,5 ans après les personnes monolingues, les autres facteurs, comme le sexe, étant gardés constants pour cette experimentation.6


L’attention sélective et le multitâche

Les individus bilingues ont surpassé les monolingues sur le Stroop Test. Ce test mesure la capacité de choisir volontairement de se concentrer sur certains aspects d’un sujet. Dans le cas du Stroop Test, il y a une liste de couleurs. Chaque couleur est écrite dans une couleur différente, et il faut que le candidat lise le mot sans se focaliser sur la couleur du mot. Par exemple, on peut avoir le mot « bleu » écrit en vert. Il faut que le sujet lise le mot « bleu. » Les individus bilingues ont démontré une meilleure capacité de se focaliser sur le mot, et donc, une meilleure attention sélective.5

meme-frenglishDe plus, les individus bilingues sont habitués à changer de langues quand ils s’expriment. Tous mes amis bilingues connaissent le défi! On veut s’exprimer dans une certaine langue, par exemple l’anglais, mais on connaît seulement le mot en français. Il faut gérer le vocabulaire de deux langues à la fois. Par conséquent, les scientifiques ont trouvé que les individus bilingues sont meilleurs au multitâche. Cela rend les individus bilingues plus aptes à comprendre des instructions compliquées ou des changements dans les instructions.5


L’activation neurologique et la compréhension orale

Le cerveau comprend et transforme les mots en formes de syllabes dans la région sous-corticale, qui est une des régions du cerveau situées en dessous de la couche du cortex cérébral. Les adolescents bilingues ont démontré une plus grande réponse dans le tronc cérébral, mesurée par le flux sanguin, quand ils étaient exposés aux syllabes, comme la syllabe « da », sans bruit de fond. Par conséquent, ils ont démontré un superbe encodage de son, similaire à la perception de ton. Qu’est-ce que cela signifie? Les individus bilingues sont capables de comprendre les signaux verbaux à un taux plus rapide.4


L’apprentissage

Il a été prouvé à d’innombrables occasions que le bilinguisme a des bénéfices dans la salle de classe, spécialement lors de conservations sur de nouvelles informations. Cela peut être attribué au fait que les individus bilingues sont très orientés vers les détails. En fait, les individus bilingues apprennent une troisième langue plus facilement que les individus monolingues apprenant une deuxième langue.3


En somme, c’est évident que les bénéfices du bilinguisme s’étendent plus loin que les avantages sociaux car il y a d’importants bénéfices cognitifs. Donc, le bilinguisme n’est pas seulement quelque chose à ajouter à votre curriculum-vitae, c’est plutôt un mode de vie! Si vous vous demandez comment devenir plus impliqué dans la communauté francophone, il y a plusieurs possibilités avec Le Français pour l’avenir. Il faut seulement être curieux, et prêt à apprendre!


Bibliographie

1Bialystok, Ellen, Craik, Fergus M., and Freedman, Morris. “Bilingualism as a protection against the onset of symptoms of dementia,” National Journal of Medicine, Novembre 2007: p.459-464, doi: https://doi.org/10.1016/j.neuropsychologia.2006.10.009

2Costa, Albert. “What does being bilingual do to the brain?” Sciencefocus. British Broadcasting Corporation (BBC), Avril 2020. Repéré à: https://www.sciencefocus.com/the-human-body/what-does-being-bilingual-do-to-the-brain/

3Kaushanskaya, Margarita, and Marian, Viorica. “The bilingual advantage in novel word learning,” Psychonomic Bulletin and Review, Août 2009: 16(4), p.705–710, doi: https://doi.org/10.3758/PBR.16.4.705

4Krizman, Jennifer, Marian, Viorica, Shook, Anthony, Skoe, Erika, and Kraus, Nina. “Subcortical encoding of sound is enhanced in bilinguals and relates to executive function advantages,” Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, Mai 2012: 109(20), p.7877–7881, doi: 10.1073/pnas.1201575109

5Marian, Viorica and Shook, Anthony. “The Cognitive Benefits of Being Bilingual.” Cerebrum Magazine, Octobre 2012. Repéré à : https://dana.org/article/the-cognitive-benefits-of-being-bilingual/#_ENREF_20

6Roberts, Richard, and Kreuz, Roger. “Can Learning a Foreign Language Prevent Dementia?” MIT Press Reader, Massachusetts Institute of Technology, Juillet 2018. Repéré à : https://thereader.mitpress.mit.edu/can-learning-a-foreign-language-prevent-dementia/